Je cours dans tous les sens
Et je ne fais que courir
En moi, il n’y a qu’une pensée
Pourvu que j’arrive à temps
C’est une question
De vie et de mort
Je cours comme un dératé
Comme un cheval au galop
Libéré de ses chaînes
Je n’ai aucun regard
Ni pour les gens que je croise
Ni pour le froid matinal
Ni aux bifurcations des chemins
Ni des étroitesses des lieux…
Je ne fais que courir
Sans marquer un temps d’arrêt
Je n’ai comme objectif
Que d’arriver à temps
Sinon c’est la fin de l’espoir
Et le retour dans le tunnel
De ces couloirs sans fin
Et sans aucune lumière
Je ne trimbale avec moi
Aucun bagage aussi léger
Je coule dans la nudité des mains
Contre le vent qui souffle
Et contre une légère bruine
Pourvu que j’arrive à temps
Avant qu’il ne soit trop tard
Elle ne peut attendre sur le quai
Le billet en main…
J’arrive bien à l’heure
À la minute près
Mais le train ne peut attendre
Il est fixé dans la ponctualité
À la seconde près
Je suis essoufflé par la course
Le train quitte le quai
Pour moi, il ne sifflera plus jamais
Plus de ces trois fois
Comme au lever du rideau
Sur le début d’une scène théâtrale
Il avance tout doucement
Puis, il accélère sur les rails
Le train me regarde
Il me tourne le dos
Une main fait des signes
Pour moi, c’est un étendard blanc
C’est de nouveau une autre défaite…
Je n’ai pas le courage
De lever les bras
Ni de répondre à son dernier message
Je ne peux que regretter
Et les regrets font plus de mal
C’est l’ultime adieu
Entre l’ombre
Et la fausse lumière
Plus de cette main brandie
Plus de ce train disparu
Je m’affale sur un banc
Il est aussi froid
Qu’une stèle d’une tombe
Il est plus sombre
Qu’un cœur sans aucune vigueur…
De nouveau, c’est une marche
Une avancée harassante
Je ne fais que reculer
Reprendre le même cheminement
Et au lieu de courir encore
Je ne fais que traîner les pas
Dans cette vie tout me parvient flou
Comme derrière un écran de brouillards
Je ne perçois presque rien
Aussi solitaire dans ce retrait
Aussi loin des embouteillages
J’avance dans la douleur des pas
Enfin, je ne me rappelle plus rien
C’était une séquence d’un épisode
Dans une série de films de l’autre siècle
Je sors du coma de l’écriture
Il était une fois un homme
Il était une fois une femme
Et puis vint l’oubli dans l’oubli
Et un petit rappel nostalgique
Et la vie ne peut que continuer
Elle ne laisse des fois
Que des torrents de remords…
Écrit par © Kacem Loubay
Le mardi 18 février 2020 À 12:50 GMT 1 Café Tinas Khénifra – Maroc
loubay_k@yahoo.fr Le poète de l’autre rive
Wouah wouh 🤗🤗