Enfant, je rêvassais en écoutant des vers
Et plus je les aimais plus j’étais solitaire
J’apprenais l’espagnol de l’armée en déroute
Qui se trainait sanglant sur le bord de la route
Ou l’œil qui poursuivait Caïn jusqu’à la tombe
Et relisait des heures en attendant que tombe
L’ombre qui grandissait inquiétant la lumière
Disparaissant du jour pour assombrir la terre
J’aurais voulu écrire
Moi aussi combiner
Chaque mot et sourire
De ce que je créais
Entremêler les sons
Comme on fait un parfum
Un temps de suspension
Un bonheur, un chagrin
Une main, un pardon
Mais comment contempler
Comment s’émerveiller
Quand le monde alentours
Lâche son mal d’amour
Quand la vie nous détruit
Par son manque de vie
Par la vie qui s’ennuie
La vie qu’on sacrifie
Pour un instant de vie
Comme les enfants qui s’aiment aux portes de la nuit
Révélant des secrets à qui voudrait entendre
Des mots entremêlés dans une mélodie
Chatouillant les oreilles quand on veut les comprendre
Je veux fermer les yeux pour savourer la phrase
Oublier les soupirs que notre enfer écrase
Rejoindre l’escargot et la mort de la feuille
Toucher le repentir frôler l’ombre du deuil
Sais-tu ce qu’est la peur
La violence de l’âme
L’inquiétude du cœur
Quand la haine proclame
Brûlez tous les écrits
Les mots la poésie
Effacez ce qui dit
Qu’un rêve fait la vie
Quand la vie nous détruit
Par son manque de vie
Par la vie qui s’ennuie
La vie qu’on sacrifie
Pour un instant de vie
L’amour le temps qui passe dans la voix du poète
Donne une autre saveur comme une parenthèse
Un écho de bonheur là où l’instant s’apprête
Sur ce ciel bas et lourd endolori qui pèse
Sur nos têtes et nos cœurs aux sanglots des violons
Dominant la laideur apprivoisant les sons
Poète parle moi dis-moi en confession
Comment donc parvenir à la fascination
Transcender la pensée
Ô temps suspends ton vol
Pour pouvoir s’enivrer
Sans tabac ni alcool
Poètes inspirez-moi
Vous les maîtres du mot
Laissez-moi donc le choix
De Verlaine ou Rimbaud
Quand la vie nous détruit
Par son manque de vie
Par la vie qui s’ennuie
La vie qu’on sacrifie
Pour un instant de vie
Et si la poésie aidait à rassurer
Le verbe rancunier les idées bousculées
Comprendre que l’oiseau valse avec la beauté
Lorsque l’heure amitié rit de l’éternité
Quand le petit vallon horrible et bucolique
Renvoie la mort amie au soleil de l’été
Poète, éclaire-moi de tes pensées magiques
Pour qu’à jamais le vers déclame la pensée
Si le brouillard a pris
Autour de la maison
Toute impression de vie
Tout signe de raison
La lumière du poète
Revient au diapason
De nos éclats de fête
Redorer la passion
Quand la vie nous détruit
Par son manque de vie
Par la vie qui s’ennuie
La vie qu’on sacrifie
Pour un instant de vie
Enfant, je rêvassais en écoutant des vers
Et plus je les aimais, plus j’étais solitaire
Écrit par Dominique Bayard
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