J’aimerais bien esquisser un sourire
pour accueillir les paroles charmantes
mais dès que mes lèvres se courbent
ma raison les condamne à se raidir
J’enferme mes rires, je les cloître
je les censure comme des textes interdits
dès qu’une présence se profile
je condamne ma joie au silence
Je me cache, je me soustrais aux regards
ceux qui pointent dans ma direction
ils m’agressent, me perturbent
je les fuis comme la peste
Et que dire des paroles dardées
elles me piquent, me poignardent
elles me troublent, inopportunes
je me retire, je me déchire, je me fusille
Je suis une ombre qui plane, qui oscille
je suis une sombre copie de mon âme
quand le sol tremble, je suffoque.
Je tais mes plaintes, je les écartèle
Les écailles, les carapaces, les cuirasses
s’imbriquent les unes dans les autres
un mur de béton, de plancton ou de plomb
s’érige devant vos yeux inquisiteurs
Ma carcasse devient frêle
elle rampe et se moule au plancher
elle disparaît de la surface
trop légère, trop sensible
M’évanouir, me dissimuler
aucune trace sous mes pas
aucune émotion dans ma face
rien que mon visage refermé
J’aimerais bien me dissoudre
ou complètement m’éclipser
juste pour me réinventer
devenir une âme apaisée
Mais j’existe sous ma carapace
je suis, je grandis, je vieillis
il suffirait que je vous oublie
pour enfin sourire à la vie
Il suffirait que je m’oublie
pour enfin vivre ma vie.
Écrit par © Karine Hudon, 30 août 2022