La passeuse de rêves aux yeux aquarelle, immobile sur les berges de son étendue d’Ô, scrute l’horizon.
Les nuages aux couleurs ténébreuses s’accrochent, se chevauchent, s’agglutinent, se mélangent les uns aux autres.
Ils se sont si longtemps cherchés, si souvent dispersés, disloqués dans l’immensité du ciel azuré.
Le vent les pousse, ils s’échouent à la lisière de ses paupières qui s’alourdissent, elle les ferme lentement dans un soupir de félicité.
Ils lâchent prisent, s’abandonnent à leur passeuse de rêves, se noient, tombent à pic, colorent ses billes diaphanes surlignées d’un fin trait de khôl noir charbonneux.
Sourire aux lèvres, elle tend son visage vers les timides rayons du soleil, les derniers d’un hiver qui s’efface sans laisser aucune trace, les premiers d’un printemps fébrile qui ose timidement annoncer la couleur des lacs et de leur profondeur.
Elle vit avec les nuages, l’un et l’autre vibrent en elle.
Tantôt singulière, tantôt plurielle,
Elle a la douceur du printemps, la force de l’été, les senteurs de l’automne, la beauté de l’hiver.
Elle a la peau soyeuse des feuilles au printemps.
Elle a une chevelure au goût de miel, à la couleur d’un champ de blé.
Elle ne craint ni les orages ni les tempêtes
Elle a la force du vent qui tourbillonne, Éole s’en étonne
Elle a le pouvoir d’un feu qui se consume et renaît de ses cendres
Elle est la beauté, la grâce sur la terre entière
Elle est un peu d’ici, beaucoup d’ailleurs
Elle est. Elle est simplement, elle est Ô
Sur les berges de son étendue d’Ô
Écrit par Koko Colette Le 01/07/2022