Les arbres avaient perdu leurs vêtements,
bras frêles et maigres craquant dans le vent.
Leur nudité était presque EFFRAYANTE,
âme ténébreuse, image désolante.
Avant de revêtir leur manteau blanc,
ils tremblaient : frissons d’horreur sur l’écorce.
Petits oiseaux s’y reposaient comme sur un fil,
écureuils y montaient cacher leurs mûres.
Le ciel soufflait une pluie de cristaux,
les arbres commençaient à avoir plus chaud.
Les linges épousant leur corps qui avait SOUFFERT,
giflé, tranché et dévoré par les êtres.
Le manteau blanc les recouvrait,
souffrance dissimulée, nudité disparaissait.
Oiseaux sifflaient sur les nouveaux bras,
écureuils y montaient, freinant leurs petits pas.
Le ciel soufflait jusqu’à la doublure de leurs habits.
Immenses, fiers, cherchant en vain un abri,
ils continuaient de trembler comme les feuilles
auparavant dans leurs mains.
Les mains toutes plissées, ils VIEILLISSAIENT,
repoussant la mort qui ne venait jamais
sauf lorsque vêtus de leurs plus beaux habits
leur tête se fracassait sur le sol
et il ne restait plus que leurs pieds dispersés
dans la terre qu’ils buvaient pour revivre,
mais on ne voyait plus que SÉCHERESSE,
rides et désolation.
On se demandait en les regardant
s’ils vivaient encore puisque leur image dénudée
ressemblait à un CADAVRE oublié sur la grève
et cette absence de lumière
nous plongeait dans l’irrémédiable FOLIE.
Nous ne pouvions plus nous arrêter d’arracher
ces têtes riches, ces bras rigides,
et ces doigts minces, nous les cassions entre les nôtres.
Nous ne pouvions plus respirer leur odeur
ni même entendre leurs plaintes de souffrance.
Ils nous regardaient et se demandaient
si leur vie entre nos mains
n’était pas que pure malice,
mais vert, jaune, rouge ou blanc, leur manteau
avivait notre sombre regard d’ASSASSIN.
Ils s’abreuvaient une autre fois pour survivre
même si les nerfs à vif, les membres déchiquetés et le sang
répandu à leurs pieds, ils ne pouvaient plus vivre… SANS MOURIR.
Écrit par © Karine Hudon, 2021 Recueil Je veux me colorer